Nous avons eu le privilège de nous entretenir avec le photographe David Jaunet, populaire dans le milieu cycliste du Grand Est. Nous avons voulu avoir un autre regard sur le cyclisme et, au-delà de cela, nous avons pu en savoir un peu plus sur ses activités de photographe.
Bike Forever : Pourquoi le nom « clickadoc » ?
David Jaunet : Je ne suis plus pro dans la photo. Je dirige une entreprise qui travaille dans le domaine informatique et notre base de données s’appelle « clickadoc ». J’ai trouvé le nom sympa et je l’ai repris. Ça me donne une meilleure identité, pour preuve quand on me croise sur une course on me dit « salut clickadoc ».
BF : Comment as-tu eu l'idée de te lancer dans la photographie ?
DJ : J’ai commencé la photo en amateur à la fin des années 1980/au début des années 1990. Avant je faisais de la vidéo en amateur, je prenais des paysages ou ma famille par exemple. Mais la vidéo montre tout et rien à la fois, on ne reste pas sur un instant tandis que la photo montre quelque chose de fixe et cela permet de faire ressentir un moment précis.
J’ai fait des études de droit après le scientifique et un pote m’a dit que l’Est Républicain cherchait quelqu’un pour être photographe, j’allais faire des matchs avec lui mais j’hésitais à faire une proposition. Puis je l’ai faite et j’ai commencé par des piges avant de bosser dans plusieurs milieux : l’actualité et le sport, ça va ensemble. Je ne voulais faire que ça parce que j’aime la photo en mouvement.
BF : En plus il y a de quoi faire dans les Vosges non ?
DJ : Oui bien sûr, Épinal est une ville sportive. On a eu l’équipe de foot, le canoë-kayak avec des sportifs qui ont été aux Jeux Olympiques, les frères Nazon (Jean-Patrick et Damien) qui ont été pro en cyclisme, le Championnat de France 2021… J’ai déjà photographié des étapes du Tour de France, c’est plus facile de prendre des photos à moto plutôt qu’a un point fixe, surtout lorsque ce n’est pas un circuit. Quand je travaillais pour les agences comme AFP, on travaillaient par équipe de 3-4 pour permettre d’avoir la bonne photo, chacun avait un angle de prise de vue différent. Si quelqu’un se loupait, l’autre l’avait.
BF : Quelle est ton plus beau souvenir vélo ?
DJ : Il y en a beaucoup mais je dirai la victoire de Bruno Chardon, coureur des Macadam’s Cowboys sur les Championnats du Grand Est.
BF : Quelle est la première chose que tu fais quand tu arrives sur un évènement pour programmer tes photos ?
DJ : On fait le repérage, parfois la veille. Après avoir retiré l’accréditation (actuellement ce n’est pas simple surtout que je suis photographe amateur et donc pas le presse mais ça passe sur des petites courses). L’avantage des courses amateurs c’est qu’il y a moins de photographes donc c’est plus facile de se faire une place contrairement aux couses pros où il y a beaucoup de demandes.
BF : Depuis quand es-tu passionné/spécialisé de cyclisme ?
DJ : Je roule, comme tout le monde j’étais fasciné par le Tour quand j’étais petit. J’y ai d’ailleurs travaillé à l’époque d’Armstrong. Je me suis spécialisé dans la photographie du cyclisme depuis une dizaine d’années car mon temps de dispo était restreint.
BF : Quel coureur t'inspire ?
DJ : Évidemment mon équipe de cœur c’est celle de la région : les Macadam’s Cowboys. Après il y a pleins de coureurs que j’admire, notamment Thibaut Pinot que j’ai déjà photographié mais étonnamment pas tant que ça.
BF : Comment as-tu choisi ton matériel ?
DJ : Je suis toujours resté avec Canon parce que j’y ai mes repères et ça permet d’être plus efficace. J’ai deux boitiers réflexes et un boitier hybride, pour ce qui est des objectifs : j’ai un téléobjectif (200/300mm, j’ai aussi du 400 mais c’est pas génial pour le cyclisme). Plutôt que de changer l’objectif, je change le boitier avec l’objectif déjà monté dessus, c’est plus pratique et plus rapide. Course ou pas, j’ai toujours un appareil photo sur moi, c’est vraiment le conseil que je peux donner à qui voudrait faire de la photo, il faut savoir anticiper et attendre le bon moment. Quand j’ai commencé la photo, lorsqu’on avait une photo pas floue c’était rare. A l’inverse d’aujourd’hui où le matériel a progressé et est fiable, on a rarement des déchets.
BF : Avec qui es-tu déjà rentré en contact (médias, équipes, coureurs...) ?
DJ : J’ai travaillé avec l’équipe des Macadam’s. Mes photos ont aussi été utilisées pour des journaux italiens et espagnols.
BF : Je pense que si on demande aux cyclistes du Grand Est un par un, tout le monde dira que tu es le meilleur photographe ! Alors pourquoi juste rester dans le partage sur les réseaux et tu ne t'es pas plus professionnalisé en publiant sur un site par exemple ?
DJ : Peut-être que je suis l’un des plus connu mais ce métier est difficile et intense, on a beaucoup de concurrence et ça je n’en n’ai plus envie. J’ai vendu des photos mais seulement sur demandes. C’est l’avantage d’avoir son autre métier à côté, je peux faire mes deux activités. Pour être pro il aurait fallu que 50% de mes revenus viennent de la photo et on en est loin actuellement.
BF : Ta course préférée de cette année à photographier (scénario, paysages peu importe le critère...) as-tu une photo préférée ?
DJ : Une course 3/4 étapes c’est sympa surtout quand il y a de belles étapes de montagne, ça offre de beaux paysages.
BF : Tes objectifs pour la suite ?
DJ : Peut-être des podcasts pour aider des jeunes photographes et pour rentrer dans des détails plus précis sur la photo de sport.
Merci à David Jaunet de nous avoir consacré un peu de son temps pour répondre à nos questions. Vous pouvez retrouver ses photos sur son compte Instagram : @clickadoc.
Louis & Clément
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