L'effort solitaire a toujours une saveur particulière quand il clôt un Grand Tour (dernière ou avant-dernière étape), et c’est bien ce à quoi nous allons avoir le droit d’assister ce dimanche après-midi. Décryptage d’un duel aussi inattendu qu’excitant.
Depuis quelques années, les Grands Tours ont pris l’habitude de terminer leur route par des contre-la-montre. Certes, le Tour de France ne l’a plus jamais fait sur les Champs-Elysées depuis 1989, il faudra sans doute attendre qu’une nouvelle génération prenne les rênes de l’organisation, elle qui n’aurait pas vécu ce tragique épilogue (on se place du côté français…), voyant Laurent Fignon cédait sa tunique jaune à Greg Lemond pour huit secondes gravées à jamais dans l’Histoire du Tour. Cependant, il nous en a offert quelques-uns ces dernières années, dans le Périgord en 2014, à Marseille en 2017, à Espelette en 2018 et enfin, bien-sûr, cette vingtième étape en 2020, qui mena Tadej Pogacar vers la gloire et enferma Primoz Roglic dans une déception presque émouvante. La Vuelta, quant à elle, n’est pas coutumière du fait, 2014 faisant exception avec son final dans les rues de Saint-Jacques de Compostelle. Le Giro nous habitue, lui, à des dernières étapes courues seul face à sa machine. Depuis 2012 et la victoire de Ryder Hesjedal aux dépens de Joaquim « Purito » Rodriguez, la course rose nous en a offert trois, 2017, 2019 et 2020. Seul 2019 manquait d’intérêt à l’amorce de ce dernier effort, Richard Carapaz avait déjà creusé des écarts importants face à Nibali et Roglic. Les deux autres exemples ont vu le maillot rose changer d’épaules, Tom Dumoulin ayant, logiquement, dominé Nairo Quintana en 2017, et Tao Geoghegan Hart qui gagna son duel (moins d’une seconde entre les deux avant la dernière étape) face à Jai Hindley.
A quel résultat doit-on s’attendre cette année ?
Si l’on résume ces dernières expériences, tous les scénarios sont possibles. D’un point de vue global, trois semaines intenses de course resserrent les performances entre les coureurs. On a, cependant, vu des coureurs avoir des jours sans sur des rendez-vous comme celui-ci, Romain Bardet à Marseille en est l’exemple parfait, meilleur favori sur la dernière étape de montagne au sommet de l’Izoard (on ne compte pas Barguil), et pourtant, son podium ne tenait plus qu’à un fil à la fin. A la vue des résultats de cette dernière semaine, on peut se dire que l’italien finit mieux que le colombien. De plus, Damiano Caruso a montré des gages de récupération assez impressionnants sur les Grands Tours, avec des résultats sur les contre-la-montre plus que probants, en témoigne sa quatrième place sur le contre-la-montre de Vérone sur 2019 et sa septième place à la Planche des Belles Filles l’an dernier.
Pour réussir l’exploit, Caruso doit récupérer quasiment quatre secondes par tranche de kilomètre (3.92 exactement). Cela paraît improbable mais tout est possible sur ce genre d’exercice….
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