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Photo du rédacteurGeoffrey Guissez

Quelle stratégie pour l’équipe de France ?

Tenante sur titre, la sélection nationale de Thomas Voeckler se doit de répondre présent dimanche, quel type de course pourrait sourire aux bleus ? Qui doit-être protéger ? Nous allons tacher d’y répondre.

Julian Alaphilippe remerciant Guillaume Martin après son titre de champion du monde. (Getty Images)


La présentation

Rappelons, tout d’abord, les neuf coureurs (et oui l’équipe tenante du titre a un quota supplémentaire) qui sont sélectionnés : Julian Alaphilippe Rémi Cavagna Benoît Cosnefroy Arnaud Démare Christophe Laporte Valentin Madouas Clément Russo Florian Sénéchal Anthony Turgis

Deux coureurs semblent dévolus pour protéger les autres et/ou rouler en tête de peloton durant les trois premières heures, il s’agit de Clément Russo et de Rémi Cavagna. Le crossman de l’équipe Arkéa et l’auvergnat se complètent parfaitement, le premier a des aptitudes pour bien frotter et replacer ses leaders avant les passages importants, l’autre est un roule-toujours capable de rouler les 150 premiers kilomètres en tête de peloton mais aura du mal à rester placé si la course s’accélère brusquement. De plus, le « TGV de Clermont-Ferrand » semble ne pas être dans sa meilleure forme en atteste sa 14ème place sur le contre-la-montre de dimanche, rouler, c’est tout ce qu’il aura à faire mais nous reviendrons sur la stratégie en tant que telle un peu plus tard.

Le troisième équipier dans la hiérarchie devrait être Valentin Madouas. Le puncheur de l’équipe Groupama-FDJ a des atouts non-négligeables à faire valoir mais également un point faible qui pourrait coûter cher à l’équipe de France, sa capacité à bien frotter. Le breton est un bon coureur sur ce type de course (14ème du Ronde 2020), et son gros point fort est son endurance, il est brillant après six heures de course, ce qui sera le cas ici.

Les six coureurs qui n’ont pas été cités, sont tous capables de s’imposer dimanche, sans chauvinisme. Certes, le meilleur sprinteur français est loin d’être aussi fort qu’en 2020 mas reste une carte qui peut semer le doute dans la tête de nos adversaires. Si la situation est délicate, il pourrait se sacrifier pour les autres. Il possède également une sérieuse expérience sur les flandriennes (6 Paris-Roubaix, 7 Ronde), ce n’est pas un mauvais choix de la part du sélectionneur.

Derrière le champion du monde, quatre coureurs sont de sacrés atouts, Benoît Cosnefroy, Florian Sénéchal, Christophe Laporte et Anthony Turgis.

Le premier cité n’a, certes, pas de véritable expérience des flandriennes mais c’est un coureur de championnats. Champion du monde espoir à Bergen en réglant au sprint Lennard Kamna, le normand a un punch redoutable sur des pentes intermédiaires comme celles qui lui seront proposées sur le circuit belge qu’il a déjà pu empruntés sur la Flèche Brabançonne 2020, où il est arrivé avec Alaphilippe et Van der Poel. Vainqueur de la Bretagne Classic, la distance ne lui fait pas peur.

Florian Sénéchal sera ce dimanche, le dernier coureur à avoir gagné une classique belge. En effet, il a triomphé samedi sur la Primus Classic grâce au travail de son équipier Mikkel Honoré, sa condition n’a pas l’air mauvaise…. Sa capacité à frotter n’est plus à démontrer, il pourra courir dans l’ombre de son coéquipier Julian Alaphilippe. De plus, après une course difficile, il peut battre au sprint quasiment tout le monde (il a devancé Van der Poel sur l’E3).

Christophe Laporte a, plus ou moins, les mêmes aptitudes que Sénéchal. Lui aussi, vainqueur d’une classique belge il y a peu (le GP de Wallonie). Il a le profil parfait pour ce parcours, sa pointe de vitesse, son placement, son endurance, Van Aert pourrait lui faire un cadeau de bienvenue avant de le rejoindre….

Confirmera-t-il tout le bien qu’on pense de lui ? Certains s’interrogeaient sur la condition physique du coureur de Total Energies Anthony Turgis, il a répondu sur le Tour du Luxembourg en sortant avant la dernière bosse sur l’étape reine, avec des côtes bien plus longues que celles du circuit flandrien. Depuis l’an dernier, le benjamin de la fratrie Turgis fait partie des dix meilleurs flandriens du monde, une nouvelle carte à faire valoir.

On termine cette présentation, par le coureur le plus attendu dimanche en étant champion du monde sortant, Julian Alaphilippe. Sa préparation s’est bien passée, seul bémol, pas de victoire (3ème en Grande-Bretagne, 2ème de la Bretagne Classic). On reviendra sur les scénarios de course qui pourraient lui sourire mais une chose est sûre, il sera marqué par tout le monde.


Anthony Turgis s'est fait une place dans les meilleurs flandriens du peloton au côté des susperstars. (Getty Images)


La stratégie

Les neuf coureurs ont été présentés précédemment, ils nous offrent des opportunités que peu d’équipes peuvent avoir. Thomas Voeckler nous a offert des tactiques assez diversifiées sur les derniers championnats disputés. A Imola, c’était limpide, on ne bouge pas avant la dernière bosse, ça a parfaitement fonctionné…. Sur les derniers championnats d’Europe, ça a été l’opposé, on place nos pions à l’avant dès le départ et on dynamite la course avec nos outsiders en gardant le leader au chaud avant de le lancer si la stratégie initiale ne va pas au bout.

Le vendéen d’adoption (expression chère à Thierry Adam), va-t-il nous sortir encore un nouveau stratagème dimanche ? On peut le penser. Pourquoi ? Le parcours de Leuven n’a pas une difficulté qui peut créer des différences comme c’était le cas à Imola. Sortir dès les premiers kilomètres comme à Trente, c’est sans doute trop risqué tout le monde sera encore frais et des coureurs seront missionnés pour rouler. C’est pour cela qu’on peut réfléchir à une stratégie intermédiaire. Attendre la dernière côte pour lancer Julian Alaphilippe ou Benoît Cosnefroy avec l’assurance d’avoir au moins Wout Van Aert dans la roue est contre-productif.

Le début de course devrait être somme toute classique, une échappée composée de coureurs des nations « mineures » mais une question se pose déjà, faut-il rouler derrière et « sacrifier » Cavagna ? Je ne pense pas. Certes l’équipe de France est championne du monde et doit défendre son statut mais pourquoi ne pas mettre l’équipe de Belgique sous pression ? Laisser Tim Declercq rouler seul et rester bien au chaud avant l’entrée sur le circuit serait peut-être une première décision à prendre. Mais ce n’est pas vraiment la plus importante.

Comme sur une flandrienne classique, le maître-mot sera le placement. Si on est placé au moment important, les coureurs feront une importante économie d’énergie qui pourrait bien payer dans le dernier tour. Chaque relance va étirer le peloton, cela occasionnera des cassures qui sont absolument à éviter, rien de bien nouveau. On peut faire confiance à nos cinq têtes d’affiche pour être là au moment opportun, les autres devront se faire violence, je pense notamment à Valentin Madouas.

L’équipe de France fait partie des équipes qui ne doivent pas attendre le dernier tour. Il faut s’attendre à ce que Remco Evenepoel en mette une à un moment, Turgis devra prendre sa roue et ne plus la lâcher (et ne pas collaborer avec lui, au risque de péter de la roue). C’est de la fiction mais beaucoup s’y attendent.

Il faudra à tout prix marquer des coureurs danois comme Mikkel Honoré ou Michael Valgren, l’un des deux monstres slovènes qui pourrait anticiper pour servir les desseins de Matej Mohoric. C’est le rôle de Christophe Laporte et éventuellement d’un Benoît Cosnefroy. Faut-il, cependant, collaborer ? Là est toute la question, ça dépendra du groupe, de qui est présent, pour obliger les autres à rouler derrière.

Le dernier tour, venons-y. Qui pourra suivre l’attaque de Van Aert ? Alaphilippe, Cosnefroy sans doute, peut-être Sénéchal, et si on se retrouvait à 3 dans un groupe d’une dizaine ? Jouer comme Quick Step et attaquer chacun notre tour, peut-être que j’en fais trop là…. A dimanche !

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